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16 nov. 2008

Obama; entre cohabitation et pleins pouvoirs

Il est beaucoup question de cohabitation depuis que Barack Obama a été élu. Cette marche vers un centre rationnel et un exercice bipartisan du pouvoir, démontrant une volonté et une capacité à s'entendre avec l'adversaire, est un thème important de "Après Bush". L'Amérique entre-t-elle en cohabitation, ainsi que le titrent Les Echos dans mon dernier article ?

Il y aura probablement des ministres républicains dans le gouvernement Obama, y compris, ce qui serait une excellente idée politique et médiatique, le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, républicain modéré très actif sur l'environnement. Il est plus question encore d'inclure dans le prochain cabinet des démocrates de poids. S'inspirant d'Abraham Lincoln, Obama veut faire de ses anciens rivaux des alliés, rejouant ce qu'une récente biographie de l'ancien président républicain abolitioniste titre par "Team of Rivals" - une équipe de rivaux. IL y est expliqué comment le sens politique de Lincoln l'a amené à s'entourer de ses rivaux aux primaires républicaines de 1860 plutôt que de les écarter. Ainsi Hillary Clinton pourrait-elle hériter du département d'Etat - ce qui aurait la fâcheuse conséquence d'en priver notre préféré pour ce poste, le gouverneur du Nouveau-Mexique Bill Richardson, membre du conseil de Politique Américaine...

La cohabitation risque donc de se jouer d'abord au sein du parti démocrate. POur Lincoln, elle s'était très bien déroulée, comme l'explique l'historien Goodwin. Il faudra attendre pour voir ce que cela donnera pour Obama. Le fait est qu'un capital politique renforcé par la présence de figures démocrates et républicaines ne sera pas de trop compte tenu de la tâche qui attend le nouveau président. De ce point de vue d'ailleurs, le rôle de John McCain au Sénat sera sans doute crucial, celui-ci étant prêt à jouer un rôle "bipartisan" comme il l'a fait par le passé. Son discours de concession de la victoire le soir du 4 novembre a montré de quoi il était capable.

Trois élections sénatoriales clé se déroulent en ce moment et jusqu'au début décembre, qui pourraient amener les démocrates à contrôler pleinement le Légistatif - et à pouvoir se passer du soutien de républicains modérés à la McCain. En Alaska, en Géorgie et dans le Minnesota, où devrait être élu le sarcastique Al Franken, homme de média et auteur d'un livre satirique sur les mensonges du pouvoir bushien et la comédie politique, trois sénateurs pourraient être élus, faisant peut-être basculer la majorité démocrate au seuil clé de 60 membres dans la Chambre haute. Le scrutin géorgien paraît plus incertain, mais avec 58 sénateurs démocrates et les deux indépendants votant généralement avec les démocrates sur les questions économiques et sociales, le pouvoir pourrait être plein. La barre des 60 au Sénat interdit de recourir à ladite "flibusterie", c'est-à-dire au blocage dezs projets de loi par une minorité trop large pour être ignorée.

Parmi les deux indépendants se compte Joe Lieberman, ancien colistier de Gore en 2000, allié fidèle de McCain. Lieberman vote avec les démocrates sur les sujets qui importent le plus au nouveau président et sont sa priorité, le social.

La cohabitation pourrait ainsi se conjuguer de nombreuses manières. Le certain est qu'il faudra gérer la majorité démocrate, qu'elle soit pleine ou relative, avec des courants et des individus qui ne rangeront pas instinctivement derrière Obama et son centrisme politique.

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