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4 févr. 2009

De l'éthique à Washington. Pour quelques dollars de plus...

Barack Obama parviendra-t-il à tenir ses promesses d'une vie politique plus "clean" à Washington? Ces jours-ci c'est un peu le bon (Tim Geithner), la brute (Bill Richardson) et le truand (Tom Daschle) autour du Bureau ovale...

Le retrait de Tom Daschle, l'ancien président de la majorité démocrate au Sénat, donné pour le poste de ministre de la Santé, est le coup le plus sévère que reçoit le nouveau président. Après quelques autres mauvais départs, cet échec-ci justifie un commentaire.

Daschle est tout d'abord un personnage politique de poids. Ensuite, comme architecte présumé de l'une des réformes les plus ambitieuses du mandat d'Obama, celle de la couverture maladie que l'Administration voudrait universelle, une vraie révolution aux Etats-Unis, son retrait affecte un pilier de la politique nouvelle promise par le nouveau président.

Il y eut Bill Richardson, candidat malheureux aux primaires, gouverneur du Nouveau-Mexique, ancien ministre, pressenti pour le premier poste du gouvernement, celui de secrétaire d'Etat (il est mexico-américain, docteur en relations internationales, servit plusieurs fois comme émissaire présidentiel et fut ambassadeur à l'ONU sous Clinton, dont il fut aussi secrétaire à l'Energie), puis pour le Commerce - beau lot de consolation même si le Représentant spécial pour le Commerce (USTR) a généralement la haute main sur les négociations commerciales internationales. Une affaire de marché public dans son Etat, encore non élucidée, l'a poussé à se retirer, premier couac.


Puis il y eut les oublis fiscaux de Geithner, le gendre idéal, et l'exception faite pour le secrétaire adjoint au Pentagone, l'un des postes les plus importants du gouvernement, qui avait été lobbyiste auprès du département de la Défense. William Lynn était en effet vice-président de Raytheon, groupe américain de défense - pourquoi alors avoir reproché à Dick Cheney d'avoir été président de Halliburton, groupe de logistique pétrolière lié au Pentagone, qu'il avait dirigé sous Bush 41, par des contrats publics? Il n'y a donc pas que les républicains qui sont inféodés aux méchants pétroliers et autres fabriquants de canons...

C'est dès lors sur la promesse de faire de la politique autrement à Washington que commencent à planer les doutes, sur l'approche "mains propres" défendue par Obama comme par McCain - ennemi farouche du "pork", cette pratique qui consiste à ce que les parlementaires se votent en catimini des amendements budgétaires destinés à leur circonscriptions pour des projets parfois absurdes, équivalant à de la pure gabegie. Les lobbyistes, dont les bureaux sont souvent installés sur K Street, une artère du centre de la capitale fédérale, étaient aussi la cible privilégiée des deux candidats. Les rapports étroits établis entre les cabinets et le parti républicain sous "W" ajoutèrent au vif rejet du Congrès et du monde politique dans l'opinion ces dernières années. L'entremise de Tom DeLay, député texan démoli pour irrégularité de ses comptes de campagne et figure de la Chambre sous Bush, fut une clé de cette osmose entre K Street et les républicains.

En 2009, on allait donc faire de la politique autrement, juraient Obama et McCain, ce dernier auteur d'une proposition de loi sur le financedment des partis politiques. Or à peine élu, Obama fait une exceptoin pour un lobbyiste qu'il nomme au Pentagone et doit se passer de figures politiques de premier ordre pour des affaires d'argent.

Obama sera-t-il de taille pour réformer Washington? Les ambitions morales de ce président venu récemment à la politique nationale ne se heurteront-elles pas à des pratiques anciennes, qui n'épargnent personne? Washington n'est-il pas irréformable? Pourtant, même les Clintons, attelage douteux de l'arrivisme et de l'opportunisme, ont dû dévoiler les sources financières de la Fondation éponyme et ont été à l'abri de complications. Le Billary Show est sauvé, mais d'autres ont trébuché, et ces questions financières (dégrèvement fiscal insolite, bonne sans papiers, etc...) ne cessent de gêner la nouvelle équipe.

Obama n'est pas en cause. Mais le fameux HOPE, cet espoir qui fut le leitmotiv de sa campagne, commence à être revu à la baisse.

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