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3 févr. 2009

Obama, la Chine, l'Asie et le protectionnisme


De ce que l'on peut en juger, le siècle de la Chine n'est pas pour tout de suite. Les Etats-Unis restent une "puissance asiatique" pour reprendre la formule d'une édition de Politique Américaine, et de tout premier plan.


La relation sino-américaine est un axe majeur de la politique extérieure des Etats-Unis et la conversation téléphonique entre Obama et Hu ce 30 janvier était très attendue. Pourquoi est-elle si importante? Parce que la stabilité mondiale passe par des rapports coopératifs entre les deux pays sur les questions stratégiques et économiques. Dans ce "choc des prospérités" que sont le développement de la Chine et l'adaptation de l'économie américaine, désormais vitaux dans le contexte de crise, la tentation protectionniste resurgit.

Après l'euphorie de l'élection de novembre, la réalité reprend ses droits; Congrès qui vote un Buy America Act - ne faisant toutefois que reprendre une législation existante, datant de 1982; négociations commerciales avec la Corée du Sud dans le contexte d'une crise historique de l'industrie automobile US, avec comme objectif un recul des barrières non tarifaires en Corée obstruant l'entrée des produits américains; et instrumentalisation de l'environnement par réclamation de normes "vertes" comme condition d'entrée sur la territoire.

Les questions stratégiques se mêlent étroitement à ces dossiers économiques. Le net refroidissement des relations entre les Corées suggère de réconforter Séoul quant à la fermeté américaine face au régime du Nord, tout en en jouant pour faire avancer le dossier commercial, mais sans susciter l'ire de l'opinion coréenne, qui avait protesté massivement à la levée de l'embargo sur le boeuf américain par son gouvernement... Plus largement, les tensions sur la péninsule coréenne imposent de cadrer les relations sino-coréo-américaines, ce qui signifie ne pas laisser la Chine dominer le sujet tout en s'attachant son soutien, et ménager les deux autres acteurs. En même temps, le Japon, allié stratégique n°1 en Asie-Pacifique, doit bien sûr être maintenu dans ce statut - même si la réalité veut que la Chine soit de facto l'interlocuteur clé pour la stabilité régionale.

Car les tensions économiques sino-américaines qui déchaînent les passions au Congrès depuis des années, reprennent à la faveur de la crise. Les déclarations du nouveau secrétaire au Trésor, Tim Geithner, en audition au Sénat, sur la "manipulation" du taux de change du yuan, qui expliquerait en partie le déficit commercial US (quoique les mauvaises habitudes de consommation des Américains et le manque d'épargne sont aussi à blâmer), en dit long sur les écueils qui continuent de jalonner les relations bilatérales.

Il n'est donc pas étonnant que les deux présidents US et chinois aient balayé tous ces sujets au cours de leur premier entretien officiel, selon la Maison-Blanche; monnaie, commerce, Corée, nucléaire, climat, terrorisme.

La bonne nouvelle semble être le ton donné et la conscience que les deux rivaux-compétiteurs-partenaires sont sur le même bateau, et que le dialogue doit se poursuivre. Ce sera là sans doute, avec la chute de Lehman Brothers, l'héritage durable de Henry Paulson...

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