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24 nov. 2008

Le prochain Roosevelt

La presse américaine ne parle que de Franklin Delanoe Roosevelt (FDR). Le président élu Obama ayant déclaré relire une biographie de l'icône démocrate, les comparaisons se multiplient après celles avec Kennedy (JFK), ainsi qu'en témoigne Time magazine de la semaine dernière.


Cette ombre de Roosevelt, Politique Américaine en a fait un thème central dès le printemps dernier pour son numéro d'été-automne. FDR est le sauveur du capitalisme américain. Si le mot est inconvenant aux Etats-Unis, il a été le fondateur de la social-démocratie américaine. Sa grande réussite fut l'intervention de l'Etat par les instruments de protection sociale aujourd'hui au coeur des inquiétudes, un grand compromis social et économique par lequel les grandes entreprises et des syndicats puissants régissaient le partage des richesses par des négociations collectives, et enfin l'émergence d'une classe moyenne de propriétaires. Tout ceci est mis à mal par un capitalisme financier qui échappe à l'encadrement de la puissance publique, voire à ses propres acteurs.

L'élection de Barack Obama en pleine crise rejouerait en gros le scénario de 1932, et sa mission première est donc de forger un nouvel équilibre entre Etat et marché. Au passage, la couleur de la peau du président n'a, à cette aune, qu'une importance très secondaire, signe que la question raciale est largement apaisée aux Etats-Unis. L'élection d'Obama marque cette évolution, elle n'est pas son point de départ.

Mais il y a plus que la refonte du contrat social. L'Amérique avait besoin de se retrouver autour d'un relatif consensus excluant une pratique partisane du pouvoir.

Ce sonsensus hérite non seulement du démocrate FDR, mais aussi du républicain Theodore Roosevelt (TR), qui le premier s'inquiéta de la condition humaine dans l'économie. Dans l'Amérique en expansion des années 1900, TR inventa le Square Deal, qui préfigura le New Deal. TR est le héros de John McCain. Obama est McCain ont ainsi tous les deux incarné cette aspiration de l'Amérique à retrouver un chemin commun qui assure la longévité de son modèle et lui redonne confiance.

Le prochain Roosevelt, c'était celui qui allait le mieux rendre à l'Amérique l'espoir que les instabilités du système allaient être corrigées. Le prochain Roosevelt, ç'aurait pu être le McCain du discours de la défaite le 4 novembre. Républicain ou démocrate, le prochain Roosevelt est celui qui allait rebâtir le contrat social américain.

Obama élu, les marges de manoeuvre réduites, saura-t-il remplir cette fonction historique?

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