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12 avr. 2011

En route vers la réélection

Barack Obama a annoncé sa candidature à un second mandat. Sa réélection, à ce stade, paraît largement envisageable : sa popularité personnelle a résisté à l’humeur publique contre ses réformes, le parti républicain est éclaté, et le président de la Commission des Finances de la Chambre, le jeune député Paul Ryan, pourrait avoir pris des risques en militant pour la rigueur en matière de dépenses sociales en raison du déficit budgétaire. Une candidature assez précoce a aussi l’avantage qu’avait eu McCain en 2008, celle du temps et de la préparation, face à la bataille épique à laquelle n’échappera pas le parti républicain pour désigner son champion.

Cette candidature suggère deux observations :

• Les critiques sur le manque de leadership du président américain sont erronées car le bilan diplomatique est plutôt positif.
• Le président est bien placé pour gagner au centre, comme il l’a fait en 2008.

En matière de politique étrangère, les événements de Libye ont montré une tempérance, un désir (et une nécessité bien comprise) d’agir collectivement qui correspond à l’esprit de la relation de l’Amérique au monde impulsée par Obama, tout en révélant les incertitudes inhérentes à une situation aussi imprévisible que soudaine. Il s’agit notamment, au risque de laisser penser que le président est indécis, de ne pas apparaître comme unilatéraliste et impérialiste, ce qui exige des précautions. Fallait-il soutenir les rebelles et s’engager militairement plus tôt ? Faut-il s’abstenir de toute interférence ? La politique suivie épouse les principes, la force est mobilisée pour une cause juste, la défense d’un peuple qui s’émancipe, et où les intérêts américains ne sont pas considérables, à l’inverse de l’Egypte ou des pays du Golfe, contribuant à la sincérité de l’action conduite.

Au plan intérieur, la capacité du président à prendre acte d’une situation et à agir en concertation avec son opposition (comme l’ont fait ses prédécesseurs Reagan et Clinton) montrent une résilience politique prometteuse pour 2012. Son positionnement actuel en faveur d’une concertation responsable pour s’accorder sur le budget fédéral et éviter une suspension du fonctionnement du gouvernement central, chose inimaginable en Europe, fait écho à ce que sera son axe politique en 2012 : le consensus américain (les Etats-Unis viennent ainsi d'éviter une suspension des opérations du gouvernement fédéral par un compromis budgétaire de dernière minute).

En 2012 comme en 2008, le social et l’économie seront au centre du débat, et l’esprit conciliateur du président, face une opposition intransigeante qui fait de l'orthodoxie budgétaire sa nouvelle religion, continuera d’animer son discours, répondant à un besoin de fond aux Etats-Unis qui explique sans doute la relative popularité personnelle d’Obama. Il sera difficile pour les républicains de le dépasser là-dessus. L’économie fera le reste, et est la seule vraie incertitude.

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