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9 janv. 2010

Obama, prisonnier de l'Amérique?

Barack Obama fêtera bientôt un an de présidence.

Parler de déception serait sévère, mais il est indéniable que l'humeur n'est plus à l'irrationnel aux Etats-Unis, et ce depuis longtemps d'ailleurs. Les Américains continuent à douter d'eux-mêmes et de leur modèle. Obama avait saisi cette angoisse dont il a désormais la charge, mais il ne peut pas grand chose pour la vaincre, et les chiffres du chômage résonnent plus dans les têtes que ses discours.

Pas de miracle donc, pas de changement extraordinaire. L'Amérique change quand même bien sûr, l'adoption du plan sur l'assurance santé est une étape très importante. Elle amène cette remarque qui n'est pas un bilan de la première année mais une conclusion des neuf dernières, y compris celle qui vient de s'écouler: les Etats-Unis devraient réduire la voilure de leurs engagements militaires et se concentrer sur leurs forces vives qui resteront le moteur de leur puissance et de leur influence. Nous sommes en guerre a déclaré Obama jeudi dernier à propos du resserrement de la vigilance par l'appareil de renseignement, après la bévue du Nigérian arrêté sur le vol NWA pour Detroit. Qu'est-ce que cela veut dire?

Obama doit reconquérir l'électorat et doit muscler son discours sur la sécurité: entendu. Mais au-delà de cette exigence qui pointe le doigt sur les midterms de novembre prochain, on voit bien qu'Obama doit manifester dans le langage et dans les actes une continuité, même s'il sait qu'elle dirige l'Amérique dans la mauvaise voie. Les Américains ne comprendraient pas que le pays se détourne de la lutte contre la terreur établie en axe de leur politique depuis 2001. Obama ne peut se libérer facilement de cette pression. Cela irait contre des exigences immédiates, des intérêts au sein des institutions nationales, et contre une bonne partie de l'opinion à laquelle il est difficile d'expliquer que le déploiement militaire coûte plus que ce qu'il rapporte.

Les choses continuent donc pour l'essentiel plus qu'elles ne changent. Et pourtant les investissements dans le futur sont une priorité plus grande que l'illusoire front yéménite ou le bourbier afghan. En politique extérieure, aujourd'hui comme hier une politique discrète et efficace au Pakistan est la véritable clé de la lutte contre al-Qaïda, ses franchises, ses réseaux.

La rupture serait de placer la formation et l'innovation au coeur d'un nouveau projet américain. Obama est-il à ce point prisonnier de l'Amérique?

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