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24 juin 2009

Morale et politique étrangère: Obama fossoyeur?

Le mécontentement est réel aux Etats-Unis après six mois de présidence Obama, car la rupture tant attendue ne vient pas. En matière de secret, de privilège, de situations extra-ordinaires, d'aucuns espèrent toujours une nette rupture avec la précédente administration.

Les photos de torturés que le président a finalement décidé de ne pas publier comme l'avaient été celles de la prison irakienne d'Abu Graib en 2004, et qui avaient provoqué un tollé (mais pas le départ du secrétaire à la Défense Rumsfeld), la prolongation de mesures de détention hors normes judiciaires et la continuation d'autres pratiques, tout cela suscite une déception, exprimée notamment par l'éditorialiste du NYT Bob Herbert. Le président a pourtant fermement condamné la torture et ferraillé avec Dick Cheney sur les mérites d'une approche de la sécurité nationale qui choisit de suspendre la normalité de l'état de droit et de la morale politique communément associée aux régimes de liberté individuelle.

Mais cela ne passe pas. Ce président noir, démocrate, ne parviendrait pas à marquer une "rupture" par des faits marquants dans ce domaine de la sécurité nationale qui a conduit ses prédécesseurs à de si terribles erreurs. Cette interprétation est sévère même si elle peut être juste dans telle ou telle circonstance, et Herbert sait de quoi il parle. On constate qu'Obama contrôle ses instincts, qu'il laisse le cérébral dominer, au risque de paraître trop prudent. Sur d'autres sujets importants comme le Moyen-Orient, directement lié à la sécurité nationale, les choses ne se passent pourtant pas comme d'habitude.

Il faut laisser le temps. Obama s'attaque à des montagnes comme la sécurité nationale, les relations israélo-américaines et, chaque jour, les affaires du monde qu'il incombe au président US de gérer. Obama pose ses marques et construit peu à peu sa politique. Il ne peut rejeter sans réfléchir des instruments créés par ses prédécesseurs, qui furent une exception historique dans des conditions
tout aussi exceptionnelles - le 11/9. Alors, si l'Amérique ne change pas comme le souhaiteraient beaucoup d'Américains, ignorant peut-être eux-mêmes les constances de leur caractère national, il faut encore attendre et voir.

Pour n'avoir pas souscrit à l'idée qu'un changement d'ampleur allait déferler sur l'Amérique d'Obama ("Pourquoi l'Amérique ne changera pas"), je reste paradoxalement plus optimiste que d'autres et fait confiance à la détermination d'un homme qui paraît très conscient de la situation et de la difficulté de faire coïncider ses convictions et la réalité, c'est-à-dire celle de l'art de gouverner.

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