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21 juin 2009

Deux défis en une semaine

Deux événements ont marqué la semaine, outre la réélection du président iranien; la visite à Washington du président sud-coréen Lee Myung-bak et la « réponse » de l’Israélien Netanyahou au discours du Caire.

Le second sujet est vite évacué, il suffit de lire le discours – c’est « niet », en particulier au gel effectif des colonisations, clé de tout progrès vers la paix. Une interprétation historique très personnelle et des conditions de discussion si inacceptables pour tout Palestinien et tout Arabe (pas de partage de Jérusalem, pas de contrôle de l’espace aérien et des frontières, pas de retour de réfugié - fût-il strictement symbolique, puisqu’il ne saurait en être autrement, etc.) qu’il est difficile de voir comment une avancée pourra être réalisée. Sans surprise donc, mais il reste à Obama, auquel ce discours était essentiellement dirigé, à réagir après son accueil très diplomatique de l’intervention du Premier ministre, jugée positive. C’est qu’Obama ne prendra pas le sujet de front. Il avancera probablement comme il l’a fait jusqu’ici, pas à pas. Il faudra voir quelle initiative diplomatique il prendra dans les mois à venir et comment les Etats arabes réagiront à leur tour aux récents échanges qui les concernent mais auxquels ils n’ont, pour l’heure, pris aucune part.

Plus loin de nous, Obama doit en revanche faire face à un dossier qui s’est imposé sur l’agenda présidentiel après les essais nucléaires souterrains du 24 mai, la Corée du Nord. La visite du président sud-coréen a mis en exergue la nécessité de résoudre deux sujets consubstantiels ; l’équilibre régional en Asie du nord-est et l’affaiblissement du régime de non –prolifération provoqué par les agissements de Pyongyang.

Le sommet américano-coréen a eu pour objet de réaffirmer la solidité de l’alliance entre les deux pays, élément clé du rôle et des intérêts américains en Asie-Pacifique avec l’alliance nippo-américaine et celle avec Taïwan. Le parapluie nucléaire américain couvre Japon et Corée du Sud. Lee a demandé qu’il soit confirmé par écrit. Même sans cela, l’alliance permet de garantir que les déclarations bellicistes de Pyongyang resteront un effet de manche, car si le Nord attaquait le Sud, une intervention US serait inévitable – ce fut le cas en 1950 (guerre de Corée).

S’ajoute à cela la crise économique et la ratification de l’accord bilatéral de libre-échange, que les circonstances politiques intérieures en Corée comme aux Etats-Unis rendent plus qu’incertaine. Le président Lee avait, au lendemain de son élection, levé l’embargo sur les importations de bœuf américain dans un geste de bonne volonté qui avait suscité l’ire d’une partie de l’opinion et des manifestations importantes à Séoul. Les Américains sont particulièrement sensibles aux obstacles commerciaux qui frappent leur industrie automobile en Corée – la déroute de cette industrie historique interdit une avancée rapide sur le libre commerce dans un avenir proche.

Ainsi l’importance de l’alliance américano-coréenne, qui pourrait être renforcée politiquement, et les enchevêtrements du politique (Corée du Nord, prolifération et équilibre stratégique régional) et de l’économique (le commerce comme moyen d’influence et de stabilité par la prospérité partagée) - ce dernier otage de la politique intérieure - sont-ils exposés par cette visite. Celle-ci passe inaperçue en Europe, mais elle affecte la paix mondiale dans ce qui, bien plus que la sage et prudente réorientation politique US en Palestine/Israël, représente le premier test de sécurité auquel est confrontée l’administration de Barack Obama.

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