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20 mars 2009

Ouverture iranienne

Dans son allocution aux Iraniens, le président américain procède à un appel longtemps attendu destiné à renouer les échanges entre l'Iran et les USA, et qui marque le grand retour de la diplomatie.

Rien d'étonnant à cette ouverture iranienne après l'échec de la politique américaine au Moyen-Orient, où l'invasion de l'Irak a pleinement bénéficié à la position stratégique de l'Iran en éliminant son adversaire irakien de toujours et en lui offrant un théâtre d'action supplémentaire, en plus du Liban et de la Palestine. L'amélioration de la situation depuis le renforcement des troupes (surge) de 2007 et l'action du général Petraeus n'empêchent pas que l'occupation soit un vaste échec et que l'influence iranienne soit déterminante.

Lorsque Barack Obama déclare:
" Les Etats-Unis veulent que la République Islamique d'Iran prenne la place qui lui revient dans la communauté des nations. Vous avez ce droit, mais il s'accompagne de vraies responsabilités, et cette place ne peut être obtenue par la terreur et les armes, mais par des actions pacifiques qui démontrent la véritable grandeur du peuple et de la civilisation iraniens. Et cette grandeur ne se mesure pas par la capacité à détruire mais par votre talent à construire et à créer", on se demande toutefois s'il ne fait pas preuve d'humour, car l'invasion de l'Irak et la connivence avec un Israël qui vient de ravager Gaza n'est pas exactement un comportement pacifique. Sans parler d'un ton paternaliste ou condescendant qui pourrait ne pas plaire à tout les Iraniens, même si les paroles du président américian semblent avoir été bien accueillies par le régime (qui au juste au sein du régime compliqué de Téhéran? Nul ne sait).

Car l'on ne peut occulter que les contradictions internes en Iran et l'opacité du pouvoir réel dans cette épouvantable république islamique imposent ses limites à l'exercice tenté par Obama. L'ouverture est nécessaire, mais les enjeux intérieurs et l'instrumentalisation de la relation avec les USA au sein du pouvoir iranien rendent aléaoire la réponse de Téhéran.

Soulignons aussi que les perceptions mutuelles sont assymétriques; des Américains qui pensent que c'est aux Iraniens de se comporter différemment, que les régions du monde doivent s'approcher de la démocratie américaine, mais un Iran qui est entouré par les troupes US en Irak, dans le Golfe et en Afghanistan, et contre lequel des courants israéliens poussent des projets d'intervention, et qui donc considère que la bombe atomique serait une façon de dissuader quiconque de l'attaquer - sans parler de l'enjeu émotionnel que le régime a réussi à faire de cette question et qui la rend plus difficile encore à résoudre.

En bref, l'appel d'Obama est fidèle à son approche, mais il ne faut pas être trop candide et se placer du côté iranien pour mieux percevoir la portée de ce message qui en dit au fond assez peu. Pourquoi l'initiative doit-elle être iranienne? Pourquoi ne pas envisager publiquement une levée prochaine de l'embargo US? Il est vrai que celle-ci pourrait renforcer le régime, le pays étant économiquement exsangue.

Le régime iranien est un repoussoir et il faudra attendre qu'il se délite. L'Amérique ne pourra le renverser. C'est là la limite majeure du "dialogue". Les USA veulent donc s'adresser aux Iraniens plus qu'à leurs dirigeants, et la voie est étroite, mais même la population, plutôt en sympathie américaine, peut penser qu'en dépit d'un régime tel qu'il est en Iran, côté US les actions contredisent parfois les principes...

L'élection présidentielle du 12 juin sera en tous cas une étape importante avant que les Américains ne détaillent davantage, peut-être, leurs intentions.

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