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23 févr. 2009

Nouvelles têtes: le retour de la grande Amérique?

Un mot sur les nominations ici et là dans les domaines de la sécurité et de la diplomatie après un mois de présidence Obama.

Tout ce qui a pu être dit dans ce blog sur le caractère cérébral du nouveau président et de son approche non conventionnelle de la politique mondiale se vérifie par quelques nominations, dont on est en droit de se réjouir.

Pour remplacer John Negroponte comme DNI (Director of National Intelligence) ou "tzar du renseignement", poste créé par l'administration Bush, Obama a choisi l'excellent amiral Blair, ancien commandant des forces dans le Pacifique. L'amiral signa en 2006 un article de grande qualité avec notre ami Jerry Hultin dans Politique Américaine sur la politique navale des USA. Le DNI couvre l'ensemble des agences de renseignement et de sécurité, y compris, bien sûr, la CIA, qui échoit à Leon Panetta, secrétaire général de la Maison-Blanche sous Clinton.

Le même amiral Blair a nommé Chas Freeman comme directeur du National Intelligence Council, qui produit notamment les documents de stratégie nationale et les rapports NIE (National Intelligence Estimates) qui guident la politique américaine. Sinisant, diplomatie de carrière, l'ambassaderu Freeman représenta notamment les USA à Riyad sous Bush I entre 1989 et 1992, pendant la première guerre du Golfe. Freeman se distingue cependant par des idées peu conventionnelles sur le Moyen Orient aux Etats-Unis et n'hésite pas à dire des vérités qui dérangent, comme le veto systématique des USA à l'ONU lorsque Israël est condamné. Freeman est cité dans "Après Bush" (pp. 156 et 160) pour illustrer qu'il existe une vision plus équilibrée du Moyen-Orient parmi certains "insiders" à Washington. Au choix de Freeman s'ajoute celui de Mitchell comme envoyé pour le conflit israélo-palestinien qui était assez étonnant.

Du côté des universités, c'est Anne-Marie Slaugther et Steve Bosworth qui sont distingués, la première, universitaire de renom et doyenne de la Woodrow Wilson School de Princeton, comme chef de l'important département de la planification au département d'Etat (dont il est question dans "Après Bush" car cette unité, alors dirigée par George Kennan, conçut la politique américaine d'après-guerre et notamment l'endiguement du communisme mondial), le second, ambassadeur de Clinton à Séoul et doyen de la Fletcher School of Law and Diplomacy de Tufts, comme envoyé spécial pour la Corée du Nord. Signalons que l'ancien doyen de la Kennedy School de Harvard, Joe Nye, devrait devenir ambassadeur au Japon. Merci pour Politique Américaine, ces trois personnages étant membres du conseil de patronage international...

Bref, des experts ayant une réelle connaissance du monde extérieur et des aptitudes linguistiques sérieuses. L'Amérique va-t-elle changer? Revenir à la tradition américaine de la retenue et de la distance, sûrement, mais peut-être même aller au-delà, et concevoir une politique mondiale qui imite celle devisée par l'immense Kennan en 1946-47, et qui soit à la hauteur des enjeux économiques et de sécurité...

Attention cependant à l'exemple de Wilson, le père de la Société des Nations, dont l'intransigeance desservit ses projets (les républicains ne ratifièrent pas la SDN). gageons que Barack Obama, en fin connaisseur de l'histoire américaine, saura éviter ce travers qui fut celui de George W Bsuh: la certitude.

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