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5 déc. 2008

Retrait d'Irak?

Obama semble être déjà critiqué pour mesurer ses propos de campagne quant au retrait des troupes d'Irak. Ses discussions avec l'équipe de sécurité nationale (le secrétaire Gates, le général Jones et le chef interarmes, l'amiral Mullen) et ses déclarartions sur une sortie responsable contrediraient sa promesse de mettre fin à la guerre de façon décisive.

Je ne crois pas que prendre la mesure des modalités de ce retrait, et d'envisager que des troupes demeurent stationnées en Irak au delà des seize mois promis -ce qui vaut surtout pour le gros des troupes - voire au-delà de décembre 2011, date de retrait complet établie par l'accord sur le statut des troupes approuvé mercredi par le parlement irakien, signifie renier la volonté de se retirer de ce front.

L'objectif politique me paraît clair et sans compromis. Adapter cet objectif aux conditions du terrain semble plutôt une attitude responsable et réfléchie, à laquelle Obama nous a habitués. Que vaudrait un retrait rapide et total suivi d'une instabilité violente en Irak: ce serait accepter que les sacrifices consentis par les Américains dans cette occupation injustifiée et mal préparée aient été inutiles.

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Intervention hier à Sciences Po Rennes - magnifique endroit et audience intéressée.

En conclusion d'un débat vigoureux, cette remarque qui me paraît lier énergie, Moyen-Orient et changement à la Obama:

l'Amérique atteint les limites de son modèle de consommation avec des exigences environnementales qui condamnent le grand symbole américain de l'industrie automobile à se transformer, et invite le pays à reconsidérer les modalités de sa présence au Moyen-Orient.

Aujourd'hui se repose donc la question apparue à Jimmy Carter en 1979, celle de la dépendance pétrolière, non pas tellement en termes d'importations américaines (l'essentiel du pétrole utilisé aux USA vient de l'hémisphère ouest et l'Afrique occupe une part croissante de ces importations)) mais de stabilité du système pétrolier mondial. L'impossibilité de réduire la consommation américaine a entraîné la décision de garantir des flux pétroliers constants à prix stable depuis le Golfe, et la militarisation croissante de la politique extérieure américaine. Cette militarisation n'a été émentie par aucune administration, républicaine ou démocrate.

Le changement de fond qu'Obama parviendra peut-être, même modestement, à engager, est celui qui consiste à lier le mode de vie américain et sa projection à l'extérieur, c'est-à-dire la politique étrangère. Obama a une particularité: il a conscience de la complexité des réalités qui l'entourent, analyse beaucoup, et sait que les crises ne sont pas isolées mais que, au contraire, tout est lié. De la réforme du mode de vie intérieur et des grands équilibres entre Etat et marché qui résulteront de la crise actuelle pourra ressortir une approche différente de la politique américaine au Moyen-Orient, à savoir une démilitarisation de la politique étrangère.

Cela me certes paraître une utopie, mais c'est changement fondamental qui pourrait naître des circonstances exceptionnelles de l'heure; la présidence Obama, le bourbier irakien, la crise économique, et l'ardente obligation de traiter sérieusement les questions d'environnement.

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