La crise financière et l'élaboration d'un plan dit de sauvetage de l'industrie du crédit a créé un ennemi commun contre lequel les politiques s'acharnent lorsqu'ils veulent caresser les électeurs dans le sens du poil: Wall Street. Or, s'il est indéniable que des excès ont eu lieu et que les rémunérations en cours dans une industrie hier euphorique, sont indécentes, Main Street a aussi profité du système.
Le crédit facile offert par une banque dans des conditions de solvabilité douteuse a de quoi faire réfléchir quiconque. Et ce ne sont pas les cadres de Wall Street qui ont contracté les prêts immobiliers de supermarché qui ont donné le signal. Il semble que l'Amérique ordinaire de Sarah Palin soit aussi en cause que celle des ci-devant "as de la finance". Un train de démagogie souffle d'autant plus fort que l'on est en campagne, et qu'il est préférable de simlplifier à l'extrême et de parler protection de l'emploi, de l'épargne et du pouvoir d'achat. Mais qui taperait sur Mainstreet en pleine campagne présidentielle, et déclarerait avec force qu'il faut renflouer les caisses des vilains ? Pourtant, il faut bien s'y résoudre, dès lors que le problème est envisagé sérieusement, bien sûr qu'il faut maintenir debout les institutions considérées comme fautives.
Le débat public oscille ainsi entre fantaisie (l'ingénue Mainstreet habilement détroussée par Wall Street) et sobriété (les dirigeants se concertant pour éponger les pertes et relancer le commerce de l'argent).
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Un des phénomènes qui accompagnent les événements est l'évolution du parti républicain.
Le vote contre le plan Paulson d'une majorité des représentants républicains exprime la fureur de la base. Comme Palin et Biden incarnent deux Amériques, le parti républicain est traversé par une faille grandissante qui séparent grosso modo deux tendances. D'un côté, un électorat populaire qui fait contraste avec la tradition d'un parti républicain ami du business, et de l'autre un électorat modéré, attaché à la rigueur budgétaire et conscient de la nécessité pour l'Etat d'agir. La coalition qui a permis la réélection de George W. Bush ne lui survivra peut-être pas, même si le conservatisme lui est encore une force vive. La crise d'identité du parti sera un enjeu majeur des années à venir, que McCain gagne ou perde les élections.
3 oct. 2008
Le débat public américain entre fantaisie et sobriété
Mots-clés :
crise,
GOP,
Mainstreet,
parti republicain,
Wall Street
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