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16 oct. 2008

Débats présidentiels: tombée de rideau

La prochaine fois, ce sera en 2012. Le dernier débat des candidats à la présidence américaine qui s'est tenu hier clôt un affrontement en douceur, qui aura globalement eu de la tenue, même si les simplifications habituelles qui caractérisent le débat américain, comme les médias, n'aura pas été à la hauteur de la situation et des attentes.

Les échanges sur Joe le plombier, cet homme qui aura interpellé Barack Obama lors d'une tournée dans l'Ohio, auront frisé le grotesque. La démagogie étant un jeu de surenchère, Obama a dû s'exécuter en s'adressant directement à Joe, devenu soudain le symbole de tous les "average Joes", c'est-à-dire les Américains moyens, à la suite de son concurrent républicain.

Car c'est bien McCain qui aura joué le plus sur les slogans et les idées simples et, selon le titre d'un article américain du jour, "actionné toutes les ficelles". Reprenant un axe essentiel du credo économique républicain, McCain aura beaucoup insisté sur les impôts dont il fait Obama un champion. Le républicain aura paru plus hargneux que son rival et indubitablement son style et un discours très électoraliste n'ont pas amélioré sa position.

Seulement, même si les sondages donnent Obama vainqueur du débat, leur fiabilité doit être considérée avec prudence, et il reste encore trois semaines avant le scrutin. Les coups de poing de McCain auront aussi été, il me semble, efficaces - comme ceux de Sarah Palin. On reproche à McCain d'avoir perdu son ton d'antan et de se fondre dans la peau d'un républicain classique, un brin obtus. Il est vrai qu'il a opéré un virage serré, mais c'est dans l'espoir que, sur le fil, il l'emportera. McCain doit aussi penser que sa réputation d'opposant à Bush et les comptes qui restent entre eux sont connus des électeurs et que sa "droitisation" ne lui portera pas préjudice aurprès des indécis. On peut en douter.

Obama, de son côté, s'il a conservé une attitude calme et confiante, n'a pas plus réussi qu'auparavant à affaiblir la crédibilité de son adversaire et l'on reste sur la même frustration que précédemment. Les sondages lui ont peut-être dicté sa ligne qui consistait à maintenir son avance sans risquer de dérailler la dynamique très favorable qui joue pour lui, et qui semble difficile à retenir pour les républicains.

Le résultat est que, au total, un doute légitime peut s'instaurer sur les attentes qu'il faut placer en une présidence Obama. L'élection d'Obama est souhaitable, surtout depuis la choix de Palin, mais l'extraordinaire symbole que représenterait son élection résisterait-il longtemps aux déceptions inévitables qui font partie de l'alternance démocratique? Quant à Joe Biden, élu sénateur à 29 ans et choisi sur le tard comme candidat à la vice-présidence, après une déroute aux primaires, sans avoir marqué la vie politique américaine au cours de ces trente années passées au Sénat (les responsabilités s'y obtiennent par ancienneté et Biden est aujourd'hui président de la prestigieuse commission des Affaires étrangères), s'il est très honorable, il n'inspire pas l'enthousiasme que justifierait la situation de l'Amérique débarrassée de "W". Au plus l'on espère d'Obama, au plus le risque d'une déception s'impose.

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