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19 oct. 2008

Changer le mode de vie américain?

Ce que la crise financière met en exergue, et que la campagne électorale américaine n'aborde pas, c'est le changement du mode de vie américain.

La soudaine et massive intervention de l'Etat est un tribut au pragmatisme caractéristique des Etats-Unis et à leur capacité d'adaptation, qui sacrifie - pour un temps - le credo économique du laisser-faire. Celui-ci, d'ailleurs, a été largement aménagé depuis l'expansion industrielle du début du XXe siècle avec le Square Deal de Theodore Roosevelt et surtout le New Deal de Franklin Roosevelt.

Le coeur du sujet est sans doute le manque d'épargne et une consommation effrénée, y compris pétrolière, dans un pays industriel où le litre d'essence est très bas. Jimmy Carter s'était essayé à prôner une restriction de la consommation après le second choc pétrolier avant d'y renoncer. George W. Bush a fustigé l'addiction des Américains au pétrole, mais sans proposer de mesures pour la réduire.

Sous l'effet des efforts de régulation imposés par la crise bancaire et la dénonciation parfois excessive de Wall Street, l'Amérique prend conscience que le modèle doit être amendé. Quel que soit le vainqueur de l'élection, je doute qu'il ignorera ce défi majeur. Ce ne semble être l'esprit ni d'Obama ni de McCain - malgré son revirement tactique vers le républicanisme le plus conventionnel depuis les dernières semaines. Peut-être la vraie rupture après Bush sera-t-elle celle-là? Un nouveau discours aux Américains sur ce qui doit changer dans leurs habitudes... Je n'y crois pas beaucoup mais on peut l'espérer sous la pression des événements.

Une chose est certaine à l'heure où l'on discute de refonte du système financier mondial, et qui semble une évidence mais dont les conséquences sont encore mal cernées: l'Amérique de 2009 ne sera pas celle de 1944. Les limites de la puissance américaine qui se sont fait sentir au plan politico-militaire, s'imposent maintenant au plan économique où la coopération internationale sera plus qu'un choix, une contrainte pour la prochaine administration.

La restauration de la santé économique et financière américaine pourra cependant permettre aux Etats-Unis de retrouver un rôle de prépondérance marquée dans le concert des nations, de rester la première d'entre toutes quelques décennies encore. La crise impose de jouer collectif et de faire profil bas en quelque sorte, mais je ne solderais pas trop vite le siècle américain, car jusqu'à preuve du contraire les Etats-Unis reste le point de mire de l'organisation et des équilibres mondiaux.

Pour finir, une remarque sur ce "leadership" dont il est tant question dans la politique américaine, et dont beaucoup aux Etats-Unis ont crédité George W. Bush, confondant la capacité de meneur et de visionnaire à celle conférée par l'autorité hiérarchique, renforcée par la certitude. Le "leadership" s'exerce plus facilement lorsqu'il s'agit d'unilatéralisme militaire que de multilatéralisme économique. George Bush s'est plu à jouer les commandants en chef, mais sa prestation face à la crise financière a été piteuse.

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