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10 juil. 2008

L'autre Colombie

J'ai signé un Point de Vue dans Les Échos d'hier sur le voyage en Colombie de John McCain, venu soutenir le traité de libre-échange en attente de ratification au Congrès.

Geste politique important, ce voyage s'est poursuivi au Mexique, dont la main d'oeuvre est très appréciée par les entreprises américaines. McCain prend position pour le commerce à l'heure où beaucoup d'électeurs se méfient de l'international, tandis qu'Obama se livre à des contorsions sur le sujet qui déçoivent les partisans du héraut du « changement ».

Je n'ai pas dit dans Les Échos que le voyage de McCain en Colombie nous ramenait à la politique washingtonienne par la petite porte, celle de l'arrière-scène d'où la bataille présidentielle paraît être un grand théâtre.

Charlie Black, le conseiller-stratège de McCain, était récemment encore un lobbyiste défendant les intérêts d'importants clients en Colombie, notamment le pétrolier californien Occidental Petroleum (Oxy). Black défendait aussi les intérêts colombiens à Washington, notamment les aides publiques ou la modération de toute velléité de sanction au nom des droits de l'homme à l'encontre du pays - où les politiques, Uribe à part, ont une longue histoire commune avec les groupements paramilitaires et le trafic de drogue.

Ce type de collusion n'est cependant pas l'apanage des républicains, et il n'y a guère de contradiction entre les activités professionnelles de Black hier et les siennes aujourd'hui comme conseiller de campagne.

L'affaire fut différente pour les démocrates. Mark Penn, le stratège en chef démissionnaire de l'équipe Clinton, autre lobbyiste professionnel, s'était en revanche avéré avoir travaillé pour la ratification du traité américano-colombien soutenu par McCain et dénoncé par Clinton et Obama... En flagrante contradiction avec ses missions de lobbyiste, Penn défendait une candidate qui dénonçait le traité nord-américain (Canada, USA, Mexique) de libre-échange lorsqu'elle faisait campagne dans les Etats de la rust belt d'humeur protectionniste. Elle n'était pas à une contradiction près puisque ledit traité avait été approuvé en 1994 par Bill Clinton !

Gérer ce genre de forces opposées fait partie du métier des candidats, entourés de lobbyistes et de stratèges, souvent les mêmes personnes qui changent de rôle... et de compte bancaire. McCain garde le cap du libre-échange : c'est osé, mais cela paiera-t-il ?

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