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7 juil. 2008

McCain, mauvais commandant en chef ?

Les Américains sont assez obsédés par une fonction que remplit le président des États-Unis, celui de commandant en chef. La militarisation de leur politique prend racine dans une vision militarisée du monde, assise sur leur statut de première puissance navale et militaire. L'article de Mikhaïl Gorbatchev et les alarmes d'Andrew Bacevich, ancien officier devenu professeur de relations internationales et auteur, déjà cités dans mon message précédent, illustrent cet aspect de la vie américaine. Les articles de presse et les débats évoquent constamment cette notion de commandant en chef et l'on ne saurait trouver d'autre pays où la dimension militaire des relations extérieures est aussi communément admise et évoquée, presque banalisée.

McCain garde normalement l'avantage dans ce domaine. Revenons cependant aux choix d'Obama, qui privilégie l'Afghanistan dans la lutte contre le terrorisme connue sous le nom de "guerre globale contre la terreur". Le récent attentat contre l'ambassade d'Inde à Kaboul remet en première ligne le front afghan. L'Inde soutient le gouvernement Karzai et est l'ennemi juré des Pakistanais qui l'ont agressée trois fois, et que rend furieux toute influence indienne dans un Afghanistan qu'ils entendent maintenir comme leur arrière-cour.

L'Irak est-il donc la bonne priorité, ou bien la prochaine administration ne devra-t-elle pas plutôt réévaluer le front afghan ? En ce cas, Obama aurait raison et McCain s'entêterait, comme Bush, à faire de l'Irak la clé de la lutte.

Tout comme McCain ne peut tout à fait être disqualifié sur les questions intérieures, par exemple sur l'environnement, Obama pourrait parvenir à faire jeu égal, ou mieux, face à McCain, dans le domaine de la sécurité nationale. Son programme consiste en un redéploiement de troupes en Afghanistan pour renforcer la contre-guérilla et privilégier les opérations de renseignement, et en l'augmentation des dépenses civiles au profit de la vie quotidienne des habitants pour les détourner des groupes armés, mesure soutenue au Sénat par Joe Biden, le président de la Commission des Affaires étrangères et possible secrétaire d'État. Obama a aussi déclaré ne pas écarter la possibilité de frappes au Pakistan, avec ou sans l'accord d'Islamabad, rappelant l'unilatéralisme clintonien...

Ainsi, les lignes bougent durant la campagne et rien n'est joué d'avance. Obama conserve l'avantage dans les sondages, mais tout est assez fragile et il reste encore quatre mois, qui seront les plus intenses. Ce seront ceux des débats présidentiels, après les investitures officielles des deux candidats par leur parti respectif. Les candidats apparaissent parfois où on ne les attend pas. En négligeant l'Afghanistan, McCain risque d'être caricaturé en continuateur de Bush, y compris sur le front militaire, et ce serait pour lui une très mauvais augure...



Cet article est une co-édition Politique Américaine / 20minutes

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