Ce portrait politique de Barack Obama est extrait du livre Après Bush - Pourquoi l'Amérique ne changera pas, à paraître début septembre.
« Obama l’est tout autant [inclassable], car il ne représente pas le "libéralisme" démocrate que ses origines pourraient laisser entendre.
Barack Obama a vécu à Chicago, une ville dont le quartier noir, le South Side, fut le théâtre d’affrontements raciaux très violents à l’époque de la déségrégation. Soutenue par les élites démocrates, la déségrégation affectait directement la vie quotidienne des Blancs pauvres (mixité à l’école, dans les parcs et autres lieux publics). Les jeunes se révoltèrent, formant des bandes et affirmant leur identité blanche. Ces affrontements eurent lieu notamment en 1957, l’année des événements du collège de Little Rock.
C’est dans ce South Side qu’Obama a travaillé comme cadre de la vie associative dédiée à l’action sociale et à la lutte contre la pauvreté. La charge symbolique de cette attache locale de Barack Obama est cependant trompeuse, car celui-ci n’est pas un Afro-Américain. Fils du Kansas et du Kenya, il est un Américain né d’un père étranger et son expérience dans le South Side lui a révélé la difficulté de s’intégrer dans la communauté noire.
Obama se veut une synthèse débarrassée des idéologies. Il n’est pas un rebelle contre l’autorité et contre l’Amérique blanche. Il n’aurait d’ailleurs pas connu un tel succès sans porter un message bien plus large que celui de l’Amérique noire. Il incarne une Amérique dont les valeurs absorbent les nouveaux venus et les rendent américains (on y reviendra dans la troisième partie de l’ouvrage).
Il représente un progressisme démocrate qui intègre les piliers de « l’américanité », au premier rang desquels la religiosité qui est le trait le plus durable de l’exception américaine. Obama proclame avoir « laissé Jésus Christ entrer dans [sa] vie ». John McCain est en revanche assez éloigné de cette expérience.
De par la personnalité parfois à contre-emploi des deux candidats, les partis américains signalent la direction de la réinvention imposée par les difficultés intérieures et internationales du pays. Cette réinvention est plus intense, semble-t-il, pour le parti démocrate que pour le parti républicain. »
[Extrait du chapitre "Les années W., un moment américain"]
Yannick Mireur
Après Bush - Pourquoi l'Amérique ne changera pas
Préface de Hubert Védrine
Choiseul Éditions
septembre 2008
232 pages, 19 €
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