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25 juil. 2008

John McCain : un portrait politique



Ce portrait politique de John McCain est extrait du livre Après Bush - Pourquoi l'Amérique ne changera pas, à paraître début septembre.








« McCain est un curieux animal pour les républicains.

Il hérite de la veine antitrust de Goldwater et de son rejet des idéologues de la morale. Comme Goldwater et Reagan, il est partisan d’une politique extérieure ferme, où le recours à la force est décomplexé. En pleine guerre du Viêtnam, Goldwater s’était dit prêt à recourir à l’arme nucléaire. En plein marasme irakien, John McCain ne dit pas qu’il utiliserait le nucléaire contre l’Iran, mais il reprend les Beach Boys en chantant "Bomb bomb bomb / Bomb bomb Iran", plaisanterie ambiguë.

Indépendant, McCain est aussi sanguin, et son tempérament suscite parfois des inquiétudes. Il devra composer avec les évangéliques et ne pas se mettre à dos le business, soutien traditionnel du GOP [Grand Old Party, surnom du parti républicain], par des positions véhémentes contre le lobbying et les earmarks* ou en faveur d’une politique environnementale coûteuse pour les entreprises. N’a-t-il pas, au cours de la campagne, annoncé qu’il fallait ouvrir l’offshore américain à l’exploitation pétrolière pour réduire la dépendance du pays aux importations, lui qui s’était opposé à Bush, partisan de l’ouverture de la réserve naturelle de l’Alaska ?

Son inspiration rooseveltienne est un atout sur les questions sociales, tant son héros, Theodore Roosevelt, fut préoccupé par la condition des travailleurs. En même temps, McCain ne tait pas ses convictions libre-échangistes, alors que de nombreux Américains voient dans la concurrence des pays émergents et les délocalisations la cause des pertes d’emplois.

McCain n’est pas comme Bush issu de l’establishment où le pouvoir et l’argent se rencontrent, mais il ne joue pas de l’anti-élitisme que caressa Bush, car il sait que le Congrès peut aussi être un lieu de noble politique, contrairement au président sortant qui a usé et abusé de sa majorité parlementaire.

McCain ne déteste cependant pas jouer le rôle que lui attribue son étiquette : l’électron libre, l’outsider. McCain est un républicain conservateur à la fois progressiste et belliciste, difficilement classable. »

[Extrait du chapitre "Les années W., un moment américain"]




Yannick Mireur
Après Bush - Pourquoi l'Amérique ne changera pas

Préface de Hubert Védrine


Choiseul Éditions
septembre 2008
232 pages, 19 €

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*Les earmarks sont des fonds fédéraux alloués à des projets spécifiques d’intérêt local, votés sous forme d’amendements à des projets de loi sans rapport avec leur objet. Souvent introduits aux dernières heures de l’adoption des lois ou de nuit, ils échappent à toute discussion, mais ils sont une mesure de l’efficacité des élus à obtenir pour leurs circonscriptions une manne utilisée à des fins de tous ordres.
Cette pratique, aussi désignée par l’expression évocatrice de pork, a vu le nombre de projets multiplié par dix depuis le milieu des années 1990, date de la prise du Congrès par les républicains, soit une somme quatre fois plus élevée estimée en 2005 à quarante milliards de dollars !



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