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11 juin 2008

Obama le peuple

L'économie revient dans la campagne, et le commerce international est à la confluence des problèmes.

Dans son discours à Raleigh (Caroline du Nord) lundi 9 juin, le futur candidat démocrate se déclare favorable au libre-échange, après avoir dû critiquer vertement l'accord nord-américain durant les primaires, pour cause de vote ouvrier pro-Clinton. Il doit absolument récupérer cet électorat, d'autant moins hostile à McCain qu'il pourrait être réticent à élire un président noir...

Obama est contraint à un exercice d'acrobate : restaurer une juste répartition des richesses dans une Amérique où se creusent les inégalités et où la classe moyenne souffre de l'innovation technologique et de la concurrence étrangère, et ne pas se mettre à dos les forces économiques en prétendant rompre avec la politique américaine fondée sur les échanges internationaux. Sa situation paraît peu enviable.

Pourtant, un discours en faveur d'une mondialisation « juste », qui soutienne les échanges tout en ménageant les écarts de développement, c'est-à-dire qui ne ruine pas les bases industrielles de l'Amérique, pourrait être un puissant message auprès de l'électorat. Ce message collerait aussi à « l'espoir » et à « l'audace » qu'Obama veut incarner pour l'Amérique.

De puissants lobbies industriels comme la NAM, l'association des manufacturiers, soutiennent des lois sur le commerce loyal (fair trade) et la réévaluation de la monnaie chinoise. Obama pourrait rassembler ouvriers et industriels autour d'un même message et poser de sérieux problèmes à son opposant. Un discours à la fois simple, réclamant justice, et construit, faisant écho aux préoccupations des entreprises américaines face à la concurrence des pays émergents, serait un détonant mélange.

McCain ne cesse de portraiturer Obama comme un champion des taxes. Les Américains sont très réceptifs lorsque ce chiffon rouge est agité, mais cela risque de ne pas suffire.
L'économie offre à Obama la possibilité de reprendre un avantage durable sur son concurrent, et il est à parier que s'il réussit à capter les inquiétudes d'intérêts en apparence contraires – ceux des cols bleus et des patrons – l'électorat y sera plus réceptif qu'aux arguments anti-iraniens de McCain.

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