Le président Bush a prononcé aujourd'hui un discours devant l'OCDE à Paris qui voulait être un moment fort de son passage en France, dans le cadre de son tour d'Europe.
Le but de ce voyage est assez indéfini, tout comme le discours lui-même. S'il s'agissait d'un voyage d'adieu, la situation extérieure des États-Unis et l'impopularité du président ne justifiaient pas le déplacement, car aucun pays ne regrettera le président de la guerre d'Irak.
Depuis ma dernière visite, Laura (l'épouse du président) a écrit un livre, mon père a sauté d'un avion (à l'occasion de ses 80 ans) et j'ai plus de cheveux gris, s'est amusé le président.
Et quelques milliers de boys se sont faits tuer en Irak pour une guerre mal préparée qui est une erreur d'appréciation stratégique majeure depuis quarante ans.
Un discours bref et plat, où les poncifs sur le plan Marshall et la communauté transatlantique ont été ressassés. L'Iran reste la bête noire et la liberté le chemin de lumière de la république américaine. Bush rappelle que l'élection du pape Jean-Paul II et l'arrivée au pouvoir de Reagan et Thatcher ont contribué à vaincre le communisme.
Ce qui frappe, à l'écoute de ce rappel historique, c'est le contraste avec la présidence sortante. La mesure, la concertation, la connaissance d'autrui et l'entretien de relations diplomatiques permettant de conserver une capacité d'analyse de l'adversaire, toutes ces règles ont été jetées aux orties par le président sortant.
De quel poids cet héritage pèsera-t-il sur John McCain ? Celui-ci se montre "dur", pour mieux décrédibiliser son adversaire. Mais déjà l'Afghanistan-Pakistan se profile comme un sujet de politique étrangère important que le camp Obama mentionne souvent.
A Paris, Bush n'a pas évoqué le Pakistan. Il a seulement parlé des menaces de missiles du Moyen-Orient, sans plus d'analyse, un manque d'épaisseur habituel mal compensé par une sorte de foi en la liberté.
Pas davantage d'analyse sur les problèmes de développement, terrain pourtant fertile du terrorisme. Cela aurait pu laisser le souvenir d'une prise en compte même tardive des réalités sociales du Moyen-Orient. On était pourtant à l'OCDE...