Deux choses s'imposent avec plus d'évidence qu'hier au président américain et contraignent son appétit de réforme à l'intérieur comme au plan international.
Le premier est le commerce: Obama est pris dans une contradiction à laquelle n'ont pas échappé ses prédécesseurs, celle d'une conviction que la liberté de commerce bénéficie à l'Amérique et aux emplois aux Etats-Unis, y compris par l'importation de biens de consommation bon marché qui satisfont le pouvoir d'achat des moins nantis, contre la réalité d'un marché du travail qui subit les conséquences de la concurrence étrangère. Le discours sur la destruction des emplois à cause du libre-échange, tenu notamment par la gauche du parti démocrate et les syndicats, hypothèque l'adoption d'accords en déshérence au Congrès depuis des années avec la Corée, la Colombie et le Panama.
Devant la colère de l'opinion et les mauvais chiffres de l'emploi, le pouvoir n'est pas prêt de se découvrir et de pousser pour l'adoption de mesures qui apparaissent néfastes à une grande partie de l'opinion - et des élus qui vont chercher à être reconduits aux midterms de novembre.
Jobs, jobs, jobs: cette priorité absolue interdit à l'administration d'avancer sur le front du commerce international et de défendre ses positions, sans compter qu'au plan multilatéral (l'OMC) les tensions ne sont pas près de s'éteindre.
L'autre grand sujet, qui est lié à la politique étrangère, c'est le Proche-Orient. Les relations entre Obama et le Premier israélien sont mauvaises, mais le camouflet reçu cette semaine est une première: Israël annonce la construction de 1600 unités alors que le vice-président Biden est en visite pour préparer la venue d'Obama. La colonisation n'est donc pas suspendue alors qu'Obama en avait fait une condition de toute issue au conflit avec la Palestine depuis l'occupation.
Inutile de dire que la visite d'Obama est désormais impossible. Ce qui s'impose à lui avec une force inaltérable, c'est le lien politique intérieur qui fait de l'alliance inconditionnelle une réalité incontournable de la politique américaine.
Obama est pris entre deux menhirs de la politique américaine qu'il est quasiment impossible de bouger et le changement que l'on attendait est largement compromis - pour le pire et non pour le meilleur.
12 mars 2010
Obama entre les menhirs
Mots-clés :
Barack Obama,
commerce,
Corée du Sud,
Israël,
Proche-Orient,
syndicats
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