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8 juin 2009

Obama au Caire

Le discours du Caire du 4 juin voulait rompre avec l'hostilité qui caractérise plus que jamais les relations entre l'Amérique et les peuples arabes et musulmans. Obama a choisi un haut lieu du savoir en terre d'Islam avec l'université du Caire et un pays clé parmi les alliés des USA dans la région.

Le discours a abordé l'islam, rappelant la contribution du monde arabo-musulman à la culture mondiale et le prestige de la civilisation islamique, puis des sujets plus contemporains, Palestine, prolifération nucléaire, et des sujets "civilisationnels", démocratie, liberté religieuse et rôle des femmes. Ce a dernier a d'ailleurs valu une mise point par le président français à Caen, qui a souligné que le port du voile ou de tout autre signe d'appartenance religieuse était accepté, hors agents de l'administration publique, dès lors qu'il résultait d'un choix et non d'une obligation faite par l'entourage, cette nuance ayant probablement échappé aux Américains.

Parmi ces sujets, au lendemain de la visite de Nethanyahou à Washington, celui qui importait le plus était évidemment la Palestine. La confrontation avec Israël est nette. Le gouvernement israélien ne reviendra pas sur les colonies que les USA demandent expréssement d'interrompre, y compris l'extension des existantes. Le cancer que représente le grignotage systématique des terres par la force a été laissé de côté mais il est au coeur du problème. Obama a été clair: "The United States does not accept the legitimacy of continued Israeli settlements."

L'attitude d'Obama et le semi-échec de Nethanyahou à Washington sont donc un signe de changement. Le langage reste toutefois très diplomatique. Rien de spécifique concernant le règlement du conflit israélo-palestinien, sur Jérusalem, la crise humanitaire à Gaza ou les massacres de l'hiver dernier. Des phrases étonnantes ont cependant ponctué le discours du président américain: "l'islam fait partie de l'Amérique" a dit Obama, rappelant que les USA comptaient 1200 mosquées... Obama a parlé d'occupation et de ségrégation, ce qui doit contribuer à changer la perception mutuelle peu à peu. Obama a par ailleurs évoqué l'initiative de paix arabe avancée par l'Arabie saoudite et mentionné que ce qui se disait en privé devait être le discours public, tant du côté palestinien que du côté israélien (la reconnaissance d'Israël s'impose avec la même évidence que la nécessité de créer un Etat palestinien - viable, ce qui renvoie aux colonies et à la ségrégation).

Le discours du Caire peut apparaître comme manquant de substance, mais c'est un premier pas. Il faut laisser le temps au président américain qui a manifestement une idée peu conventionnelle sur la question des relations avec le monde arabo-musulman et le conflit du Proche-Orient. Obama définit le champ du débat et pose ses marques.

L'initative est suffisamment extraordinaire pour ne pas être saluée comme un acte politique de haute valeur. La substance devrait venir, mais déjà une ligne rouge a été posée, pour servir à la résolution d'un conflit qui empoisonne les relations américano-arabes et celles aussi entre l'Europe et la région.

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