Bien sûr, la nuit fut historique. L'Amérique avait besoin de retrouver confiance par une action extraordinaire qui est aussi une condition de la restauration de son leadership mondial. Elle avait besoin de tourner radicalement la page "W". Pour cela, l'élection d'Obama est un symbole d'une portée incomparable et l'on ne peut que s'en réjouir. A l'annonce des résultats, en Arizona John McCain a prononcé un discours remarquable qui a conforté le message central d'Obama, celle de l'unité et du rassemblement de tous les Américains. Espoir et changement, c'est un peu Kennedy et Reagan à la fois.
Il convient cependant de noter qu'au vote populaire, si la victoire est très nette, et malgré une participation très élevée, on ne peut parler de raz-de-marée. C'est évidemment le cas pour les grands électeurs avec 350 voix, mais l'Amérique reste à peu près divisée en deux. Sans refaire l'élection, la crise a beaucoup servi cette victoire démocrate. Sans elle, McCain pourrait aujourd'hui être le successeur d'un président républicain... Il est vrai qu'au-delà de la crise, le rejet de Bush et de républicains est tel que le poids à porter était spécialement lourd. En quelque sorte, la crise a fait le reste.
Quant à l'avenir? Obama dirigera comme McCain en avait aussi eu la volonté, sans esprit de parti. Des républicains modérés au gouvernement? Très probablement, y compris le maintien possible de Gates à la Défense.
Face au Congrès démocrate, il faudra aussi composer, comme le veut le système de la séparation des pouvoirs. Outre les contraintes budgétaires, les desiderata de courants ou de personnalités démocrates au Congrès devront donc être ménagées. Il est peu probable qu'Obama puisse avoir les moyens de recréer le lien social américain comme il le souhaite en revigorant la classe moyenne. Sa marge de manoeuvre sera serrée.
Quant au plan international, aucune option ne sera écartée. L'Europe n'est pas une prorité et si les Européens ne se montrent pas des partenaires crédibles, l'Amérique n'hésitera pas à suivre sa route seule. Se rappeler Bill Clinton...
Avec plus de distance, il faut se ranger à l'idée que l'Amérique est capable d'extraordinaires rebondissements. J'ai parlé de réinvention américaine. Avec cette élection, l'Amérique se réinvente, balayant d'un coup le lourd passif laissé par "W" pour son image dans le monde. Ira-t-elle au bout de cette réinvention par la refondation d'un contrat social comme les Roosevelt surent le proposer? Nous avons quatre ans pour voir.
5 nov. 2008
Président Obama
Mots-clés :
John McCain,
Obama
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