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17 juin 2008

Obama : réinventer un avenir américain



Barack Obama a prononcé hier, lundi 16 juin, un discours important sur le fond du problème américain : l’économie, la crise de la protection sociale, l’éducation, la recherche et la compétitivité. Obama était dans ses terres des Grands Lacs, au Michigan, l’un des Etats de la rust belt, le cœur de l’Amérique industrielle. Son discours saisit toutes les facettes du défi socio-économique et nous éloigne des exercices hypocrites de la campagne. « Je crois dans le libre-échange » a-t-il déclaré, après avoir attaqué l’accord de libre-échange nord-américain pour ne pas être en reste face à une Hillary populaire chez les cols bleus, oubliant que Bill Clinton avait soutenu et signé le traité de commerce avec le Mexique et le Canada…



Libéré des contraintes des primaires, le sénateur de l’Illinois montre son vrai visage, et il mêle un discours de vérité tout en étant prudent devant les inquiétudes des classes moyennes : l’objectif reste de gagner en novembre.
Obama a placé l’exigence de renouvellement de la compétitivité dans la grande histoire, évoquant les Pères fondateurs qui créèrent le marché américain, Lincoln et le système ferroviaire continental, Franklin Roosevelt et la Tennessee Valley Authority du New Deal, Kennedy et la Nouvelle Frontière et la conquête de la lune. Voilà le discours de la « réinvention » dont j’ai déjà parlé. L’Amérique est confrontée à un défi rare : celui de la réinvention d’un contrat social, d’une nouvelle cohésion nationale autour d’un projet américain d’adaptation à la mondialisation.

Obama reconnaît que c’est l’innovation technologique qui est la cause principale des changements qui affectent l’Amérique manufacturière. Les accents démagogues que l’on a pu entendre durant les primaires sont nettement gommés. « La technologie a changé la façon dont nous vivons et la façon dont le monde fonctionne ».
Il maintient la rupture avec le parti démocrate d’antan, caricaturé par les républicains comme le parti de l’étatisme : « … le succès dépendra non de l’Etat mais du dynamisme, de la détermination et de l’innovation du peuple américain ».
Obama parle d’éducation, de baisse d’impôts pour les jeunes, d’investissements dans la recherche et les infrastructures. Il cite Teddy Roosevelt, le républicain qui inventa le progressisme et héros de… John McCain.

En bref, le discours du Michigan met à plat l’équation socio-économique américaine. Il est d’inspiration progressiste et peut convaincre républicains, démocrates et indépendants. Il illustre le besoin des Américains de se retrouver autour d’un projet commun, d’une reconquête d’eux-mêmes. Je suis convaincu qu’en 2008 le candidat le mieux placé sera celui qui saura exprimer une vision juste conciliant l’héritage de Theodore et Franklin Roosevelt.

Obama souligne que l’Amérique est à la croisée des chemins. D’Europe, nous ne voyons que la politique étrangère et l’Irak. Ces sujets pèseront lourds en 2008, et ils favoriseront McCain, qui a selon moi toutes les chances de succéder à George W. Bush. Mais le discours d’Obama donne la clé du défi interne à l’Amérique, de l’angoisse qui se répand depuis plusieurs années au sein de la classe moyenne.

Qu’il gagne ou qu’il perde en novembre, le succès d’Obama aura tenu à cela : à avoir su saisir dans son discours et incarner par sa personnalité le besoin de renouer avec le rêve américain.

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