La course au vice-président est lancée.
Certes, on n'élit pas un vice-président. Mais cette année le choix du "running mate" des candidats républicain et démocrate sera d'une importance inédite.
Il leur faudra en effet compenser un défaut important qu'ils partagent avec Ronald Reagan, leur âge.
A bientôt 72 ans, John McCain est âgé. Reagan s'était tiré d'affaire par une pirouette restée dans l'histoire qui avait pulvérisé son adversaire et rallié à lui la presse. Coupant court à la critique, il avait déclaré lors d'une conférence de presse qu'il n'attaquerait pas son adversaire sur son inexpérience... McCain ne pourra pas s'en tirer si facilement.
Quant à Obama, qui n'en est qu'à son premier mandat de sénateur des Etats-Unis après avoir été sénateur local de l'Illinois, son CV est léger, malgré un formidable talent politique.
Le paradoxe est que chacun recherche le double de son adversaire.
McCain recherche un homme jeune ayant des capacités de leadership. On parle
même, ce qui me paraît tout à fait exagéré, de Bobby Jindal, le sémillant gouverneur de Louisiane, 36 ans, d'origine indienne, catholique, bref un mouton à cinq pattes qui reste bien trop jeune pour s'installer à la Maison-Blanche.
Autant prendre George P. Bush ! Le fils de l'ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, neveu du président, d'ascendance mexicaine par sa mère, ferait un héritier idéal !
Non, je crois qu'un Mitt Romney, dont on parle, et dont la performance durant les primaires fut largement honorable, a plus de chances. D'autres profils comparables sont évoqués, mais l'idée de Jindal annulerait l'avantage numéro un d'Obama.
Quant à celui-ci, c'est une copie plus fidèle encore à son adversaire qu'il recherche.
On parle même d'un républicain, tel Chuck Hagel, le très respecté sénateur du Nebraska, qui a montré une liberté de ton face à l'administration Bush proche de celle de McCain...
Ou bien ce serait un ex-républicain devenu démocrate. Le sénateur Jim Webb de Virginie, ancien secrétaire à la Marine de Reagan, tient la corde (voir mon message sur Hillary et le ticket démocrate).
Bref, c'est bien l'ironie de cette campagne qui s'ouvre entre McCain et Obama. Chacun fait la course vers un colistier qui a les mêmes qualités que l'adversaire. C'est, comme titre l'Economist de la semaine, le meilleur de l'Amérique - America at its best.
A défaut du ticket idéal McCain-Obama, on peut escompter une bataille passionnante... et serrée.