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26 mai 2010

Régime fantoche!

Les Nords-Coréens ont décidé de suspendre tout rapport avec le "régime fantoche" de Séoul dirigé le "traître" Lee Myungbak et son "gang", en réaction à la décision du Sud de suspendre toute relation commerciale et humanitaire après le torpillage d'un navire sud-coréen qui ne laisse pas de doute quant aux responsabilités de l'acte.

N'était-ce que le tragicomique du vocabulaire, la chose ferait rire. Cependant les tensions extrêmes entre les Corées peuvent conduire à un conflit. Le régime du Nord n'a rien à perdre, de sorte que ses calculs et sa rationalité ne se comparent en rien à celles des autres acteurs, en premier lieu la Corée du Sud.

En outre, ces tensions ont en filigrane l'ajustement de deux influences, l'une établie, celle des Etats-Unis, l'autre montante, celle de la Chine populaire, qui continue de cultiver l'équivoque à l'égard du Nord, recevant Kim il y a quelques semaines à Pékin et ne manifestant pas d'empressement à soutenir une action claire contre le régime.

A l'instar de John Pomfret dans le Washington Post du jour, certains voient dans l'incertitude causée par le Nord et l'ambiguïté chinoise un motif de regain d'influence des Etats-Unis. Qu'ils aient raison ou tort, il est certain que cette crise, qui intervient après de multiples épisodes de gravité variable comme les tirs de missile en mer du Japon ou l'essai nucléaire sous-terrain du régime du Nord, impose une double conclusion: la perception du danger n'est pas la même de part et d'autre et l'essor du rôle de la Chine, dans une région encore marquée par l'histoire contemporaine, ne fait pas pendant à la "réassurance stratégique" qui est la ligne américaine. Celle-ci s'applique certes à des alliés des Etats-Unis, sud-coréen et nippon, face à la modernisation militaire chinoise, mais elle est un facteur de stabilité dans la paix.

Outre les 46 marins disparus, l'autre victime de la destruction du bâtiment sud-coréen est la confiance sino-américaine. Le doute quant à l'attitude de la Chine et à son possible "leadership" en Asie sort conforté des tergiversations chinoises. La Chine a certes des intérêts, et l'on pouvait comprendre que la tyrannie nord-coréenne, sous le masque de la fraternité communiste, en fasse partie. Mais aujourd'hui l'intérêt chinois passe-t-il encore par ce jeu d'hier? Les exactions du Nord n'aboutissent-ils pas surtout à fragiliser la confiance dans l'influence chinoise?

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