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25 mai 2009

Terrorisme et torture: Obama contre Cheney

Impossible d'ignorer des escarmouches autour du terrorisme et de la sécurité nationale devenues un débat de fond dans la politique américaine, opposant le président Obama lui-même à l'ancien vice-président Dick Cheney, président de l'ombre des années "W" [Bush].

Après la déclassification de documents d'Etat sur la torture, Cheney avait réagi frontalement en demandant ouvertement la divulgation des preuves que les interrogatoires musclés avaient permis d'obtenir des informations critiques pour la sécurité des Etats-Unis. Le président s'était ensuite opposé à la publication de photos qui auraient attisé la haine des USA et levé le voile sur des pratiques qui auraient durablement terni l'image du pays. Un grand titre de presse avait résumé l'affaire par une bulle savoureuse où le président tendait un appareil photographique au secrétaire général de la Maison-Blanche, Rahm Emanuel, lui demandant de le rendre à Cheney car il n'avait pas l'intention de rendre publics les négatifs...

Là-dessus, il fut su que les dirigeants démocrates du Sénat avaient été informés en paretie des méthodes de l'administration pour cause de sécurité nationale et la maladresse de la présidente de la Chambre (depuis janvier 2007), Nancy Pelosi, avait retourné le débat à la défaveur de démocrates désormais sommùés de se justifier pour des pratiques dont les Républicains étaient les responsables. En bref, il étaéit temps de clarifier et de clore le débat.

C'est chose faite. Le discours prononcé par Obama aux Archives nationales le 21 mai est fidèle à l'esprit qui a exhalé la campagne du démocrate, celui de l'unité nationale et de la modération. Cette vois moyenne, rationnelle, déplaît dans certains rangs démocrates favorables à une revanche politique et à une dénonciation sans réserve de l'équipe Bush-Cheney. Le maintien des commissions militaires qui ont suscité tant de débats et le sort encore incertain de Guantanamo montrent que la réalité des responsabilités s'imposant, une certaine continuité se découvre, loin des espoirs du changement radical dont Obama aurait été le héraut.

Cheney a répliqué au discours de jeudi dernier en persitant sur les bénéfices de la politique conduite sous son mandat en matière de sécurité nationale, arguant que l'Amérique n'avait pas été frappée une deuxième fois depuis le 11/9.

Pour la première fois, l'ancien vice-président monte ne première ligne alors que "W" reste discret - comme il l'avait été au déclenchement de la crise financière, laissant son secrétaire au Trésor, Hank Paulson, mener le gouvernement. Très discret au pouvoir, Cheney se sent aujourd'hui particulièrement visé - et il l'est en effet, considéré comme le premier défenseur d'une ligne dure face aux terrorisme comme aux proliférateurs comme la Corée du Nord. Relais des thèses néoconservatrices, Cheney joua un rôle clé dans la politique étrangère et de sécurité nationale de l'administration Bush. Sa sortie du silence n'a donc rien de surprenant.

C'est la fidélité à une ligne médiane de la part du président qui frappe plus que tout. Ne pas déballer les affaires en public pour ne pas salir l'image des Etats-Unis et ne pas hypothéquer sa propre tâche davantage qu'elle ne l'est déjà, tel est le souci majeur d'Obama. Nous sommes allés trop loin dit-il en substance, mais il ne servirait à rien de céder à la tentation d'excès inverses plaide-t-il. "Les Américains ne sont pas des absolutistes" a-t-il déclaré. Dans la lutte contre le terrorisme il n'existe pas de voie moyenne" insiste en contrepoint Dick Cheney.

Jusqu'où peut-on suspendre l'application des principes fondateurs de l'Etat de droit dans une situation d'exception? La question ne cessera d'occuper Washington et de mobiliser l'opinion américaine. Il est à craindre que le consensus voulu par Obama ne soit la première victime de ce dilemme et de l'affrontement qui l'oppose à Cheney. Sur cette question essentielle, sûrement l'ancien VP sera-t-il entendu par une bonne part de l'opinion, redonnant quelque force à un parti républicain en lambeaux. La division de l'Amérique sort entretenue de cette opposition frontale entre Obama et Cheney. Pour clore le débat et l'emporter, il reste au premier à assurer la prééminence que lui confère sa fonction, et plus encore la défense éloquente de l'unité nationale face à un responsable dont le gouvernement et le jeu politique fut au contraire de la polariser.

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