Dans son discours de Berlin, Barack Obama a parlé de coopération avec la Russie. Il a dénoncé l'esprit de guerre froide qui envahissait encore les relations américano-russes.
De son côté, le nouveau président russe a exposé à Berlin, quelques semaines avant le passage d'Obama, un plan d'alliance redessinant une architecture de sécurité européenne où serait établie une organisation post-OTAN dans laquelle la Russie aurait une place. J'évoque précisément cette idée dans mon ouvrage "Après Bush" (à paraître en septembre), car la grande erreur des années 1990 fut sans aucun doute à mes yeux l'élargissement de l'Alliance atlantique et non la réinvention d'un système qui aurait évité de froisser la Russie. L'héritage soviétique et KGBiste de la Russie, parfaitement incarné par Poutine, ne peut justifier une telle erreur stratégique. Il était évident que les anciens cadres soviétiques n'allaient pas s'envoler ou changer du jour au lendemain la culture soviétique dans laquelle ils avaient été formés. Le résultat est que les relations entre Occidentaux et Russes restent imprégnées d'une profonde méfiance - les polémiques sur la Géorgie, l'Ukraine ou la défense antimissile le montrent.
Ainsi donc, les dirigeants russes, y compris le jeune président Medvedev (qui a l'âge d'Obama), aspirent-ils à réaffirmer le rôle de leur pays sur la scène internationale, et comme l'évoque aujourd'hui la presse américaine, à corriger les défauts des équilibres politiques et de sécurité post-guerre froide, maintenant que les revenus pétroliers lui garantissent une manne extraordinaire.
Dmitri Anatolievitch Medvedev
Les torts sont sûrement partagés, quoique la responsabilité première de la méfiance incombe au vainqueur, c'est-à-dire aux Occidentaux. Le Monitor le dit très bien : "les tensions actuelles entre Moscou et l'Ouest ne sont pas dues à une hostilité irrémédiable idéologique ou géopolitique. Le problème majeur (...) vient de l'incapacité des Occidentaux à avoir travaillé avec la Russie à la réinvention d'une architecture de sécurité globale après l'effondrement de l'URSS".
Peut-on espérer qu'un président Obama réussisse avec son homologue russe, qui appartient à sa génération, à créer et impulser une nouvelle dynamique des relations américano-russes ? Là-dessus il est certain qu'Obama est bien mieux placé que John McCain.